Fondation de la société
Au temps du prince-évêque
Par décret du 29 avril 1740, au temps des Troubles (révoltes paysannes), le prince-évêque Jacques Sigismond de Reinach, ordonnait à tous les bourgeois et habitants des communautés de la Mairie de Courroux-Courcelon, de remettre en sa résidence de Delémont, généralement toutes leurs armes blanches et à feux non chargées, soit : épées, sabres, etc., fusils mousquets, pistolets de sel et de poche, pour le jeudi, le cinquième du mois de mai prochain à 10 h du matin, faute de quoi ils seront punis par la Cour de Justice, comme responsables de crime de lèse-majesté.
De cette ordonnance l’on peut en déduire que les habitants possédaient des armes à feu privées. Mais il n’existait pas de société de tir dans les villages ; ni les archives communales ni d’autres documents n’en font mention. On y parle seulement de fourniture de poudre et de mortiers lors des visites du prince ou de ses officiers. Cependant la ville de Delémont avait sa société des Arquebusiers comme en témoigne le nom d’une rue dans le quartier du Stand. Il y a donc lieu d’admettre que la ville a eu la première société de tir du district.
Arquebuse à mèche vers 1470
Obligation de servir
Après l’introduction du service militaire obligatoire en 1848, prescrit par l’Organisation militaire de 1874, le tir hors du service devint lui aussi obligatoire, les sociétés de tir étant désormais chargées d’organiser les exercices. Des stands apparurent alors peu à peu dans presque chaque localité du pays. La distance réglementaire de 300 m fut fixée lors de la fête fédérale de 1872 à Zurich, les tireurs utilisant des armes à chargement par la culasse, comme le fusil Vetterli ou la carabine Martini.
Fusil Vetterli 1871
Trois sociétés, trois places de tir
En 1877 Courcelon compte une société de tir comme en atteste une lettre datée du 19 mars 1877 adressée par la société à la commune. Sa place de tir est située sur le pâturage des Bassées.
Courroux compte deux sociétés de tir, L’Ancienne et Patrie. La place de tir de L’Ancienne est située au Cerneux, ligne de tir nord-est et les cibles sont placées dans la butte à proximité du chalet actuel de la SFG. La place de tir de la Patrie est située peu avant le chemin Sous le Cras des Vignes qui bifurque vers Courcelon et les cibles sont placées à l’est du talus du Cras des Vignes, non loin de la ciblerie actuelle.
Aucune de ces trois sociétés ne disposait d’un stand et d’une ciblerie, dans le sens des constructions ou aménagements actuels. On pratiquait le tir en campagne dans les trois positions classiques : couché, à genoux et debout.
Les mobilisations de 1914/18 avaient rapproché les hommes servant souvent dans les mêmes unités. Dès lors se posa la question du bien-fondé de compter trois sociétés de tir dans la même commune.
Un stand de tir pour tous
En 1922 la société de tir de Courcelon est dissoute et ses membres sont admis au sein de la société Patrie.
En décembre 1924, les comités de L’Ancienne et de Patrie discutent d’un projet de fusion des deux sociétés. Pour que la fusion soit réalisable, il faut résoudre la grande question de l’emplacement du stand et de la ciblerie. La société Patrie désire maintenir sa place habituelle près du pont de La Pesse, sortie sud du village.
En assemblée communale des voix se font entendre estimant que les installations sont trop proches du village. D’autre part, les tireurs de Courcelon estiment que cette place de tir est trop éloignée pour eux. Finalement une solution est trouvée. Elle prévoit les installations aux lieux actuels, soit Dos Faratte pour le stand (entre les deux villages) et au Cras des Vignes.
La Société de Tir de Courroux-Courcelon
Le mercredi 11 mars 1925 une assemblée générale réunit les deux sociétés au restaurant de l’Etoile sous la présidence de M. Fritz Simon. Les modalités de la fusion proposées par les deux comités sont acceptées. Les sociétés Patrie et l’Ancienne sont dissoutes et une nouvelle société est créée sous le nom de Société de Tir de Courroux-Courcelon. L’assemblée des tireurs élit son premier comité de neuf membres dans la composition suivante :
Messieurs :
Fritz Simon, technicien | Président |
Joseph Etique, instituteur | Vice-président |
Joseph Berdat, organiste | Secrétaire |
Joseph Ecabert, mouleur | Caissier |
Gottlieb Graf | Chef de tir |
Charles Berdat | Chef de tir adjoint |
Louis Fleury | Chef-cibarre |
Joseph Fleury | Assesseur |
Xavier Bloch | Assesseur |
La nouvelle société ne manque pas de projet. Il y a lieu de construire un stand et une ciblerie.
A suivre…
Sources :
- Archives de la Société de tir Courroux-Courcelon
- Luc Fleury (ancien secrétaire communal) : Historique de la Société de tir à 300m Courroux-Courcelon à l’occasion de son cinquantenaire / 1925-1975
- Philippe Lander & René Tendon : Historique de la Société de tir à 300m Courroux-Courcelon à l’occasion de son 75ème anniversaire / 1925-2000